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Le Président J. Kabila (RDCongo) et le Président Y. Museveni (Ouganda) ont signé, le 6.09.2002, dans la capitale angolaise, en présence du Président Dos Santos (Angola) « l'accord » finalisé par les Plénipotentiaires des deux pays, à Luanda, le 15.08.2002.
N'est-ce pas étonnant que l'Angola, allié de Kinshasa dans la guerre qui l'oppose à l'Ouganda, au Rwanda et au Burundi, ait servi de « médiateur » ou de « facilitateur » dans les pourparlers qui ont généré « l'accord » qui porte le nom de sa ville principale !
Le mot « accord » est mis entre guillemets parce que, pour Kinshasa, il s'agit bien d'un « accord de paix », tandis que Kampala parle d'un « protocole d'accord » (« memorandum of understanding ») qui concerne uniquement des questions bilatérales. En soulignant la lecture différenciée du texte signé à Luanda, loin de nous est tout vilain dessein de créer un écart. En toute sincérité, il est fait, ici, appel aux spécialistes du Droit international pour nous sortir de ce carcan, de ce malstrom juridico-linguistique.
« L'accord de Luanda » prévoit le retrait, sans conditions, des troupes ougandaises de leurs bases opérationnelles en RDCongo, la reprise de la coopération bilatérale et la normalisation des relations diplomatiques entre les deux pays. Coopération et relations diplomatiques rompues depuis le déclenchement de la guerre d'agression (2.08.1008) dont la RDCongo est victime. Les parties signataires s'engagent, pour ce qui a trait à la sécurisation de leurs frontières communes, de n'apporter aucun soutien militaire ou logistique aux milices ou aux mouvements rebelles en désaccord avec ou en lutte contre l'un ou l'autre des deux pays signataires. Un délai de 74 jours a été fixé pour sa mise en exécution.
Bien que « l'accord de Luanda » soit considéré, par plus d'un expert, comme un pas décisif vers la pacification du nord et de l'est de la RDCongo, la population kinoise a, dans un sondage-éclair, affiché son scepticisme par rapport à l'applicabilité de cet « arrangement » et continue à se poser, avec raison d'ailleurs, eu égard à l'impénétrable rôle et au double jeu de Kampala au nord-est du pays où des « Républiquettes » à base ethnique se sont constituées avec l'appui de l'Ouganda, la question de savoir si ce « protocole d'accord » ou cet « accord de paix », c'est selon, sera à même de répondre à son attente. Ce, en dépit du retrait, confirmé par la MONUC, de 1.800 soldats ougandais de Beni (Province orientale) et de Gbadolite (Province de l'Equateur) dans la période entre la conclusion et la signature de « l'accord de Luanda ». Dans la capitale ougandaise où « l'accord-Kinshasa-Kampala » a été accueilli avec soulagement, l'on s'interroge, avec insistance, sur ce qui fait que les troupes ougandaises se trouvant encore à Bunia (Province orientale), à la demande du gouvernement de Kinshasa et de la MONUC, entend-on dire, n'aient, jusqu'ici, rien fait pour mettre fin aux combats meurtriers qui mettent face à face deux groupes ethniques (Hema et Lendu) qui, de surcroît, sont alimentés par le gouvernement ougandais. De là à dire que Kampala joue au « pompier pyromane », il n'y a qu'un (petit) pas que les données factuelles sur le terrain militaire ont suggéré à plus d'un observateur de franchir par petites touches répétitives.
Tout d'une haleine, force est de remettre en mémoire que Kinshasa et Kampala étaient déjà liés antérieurement par l'accord de Syrte (Libye, février 1999) et par l'accord de Lusaka (Zambie, juillet/août 1999), accords aux termes desquels il est aussi question du retrait des troupes ougandaises de la RDCongo et qui sont restés, jusqu'ici, lettre morte. A cela s'ajoute le rappel, à l'exception de deux bataillons, de l'ensemble du contingent ougandais de la RDCongo annoncé unilatéralement par Kampala à la fin de 2001. La vérification menée, à l'époque, sur le terrain était en contradiction avec les déclarations officielles de l'Ouganda de jadis.
Peut-être, cette fois-ci, l'Ouganda va effectivement retirer ses troupes de la RDCongo et ne se servira pas du feu qu'il est en train de mettre dans l'Ituri, en armant les Hema et les Lendu, pour perpétuer le pillage de nos ressources naturelles et autres.
Depuis l'échec des pourparlers de Matadi (juin 2002) entre les signataires de l'accord-cadre partiel de Sun-City (Afrique du Sud,19.02.2002) en vue de l'élaboration du texte fondamental de la transition, on observe, avec étonnement, un soudain changement d'opinion dans le chef de ceux qui font la pluie et le beau temps à Kinshasa. Tout en faisant montre d'une extraordinaire propension à privilégier le volet externe de la crise congolaise - l'accord de Pretoria (30.07.2002) et l'accord de Luanda (6.09.2002) -, Kinshasa appelle de tous ses vœux l'avènement d'un accord global et inclusif. L'intention est bonne et louable. Cependant, l'expérience enseigne que la seule bonne intention ne suffit pas pour assurer le succès d'un tel exercice. L'action du gouvernement de Kinshasa sur le terrain politique est en déphasage avec sa volonté d'aboutir à un accord global et inclusif. Les nominations qui ont eu lieu récemment au sein de l'administration publique et de l'armée ne constituent-elles pas une cinglante rétractation de la part du gouvernement ? Cela s'appelle faire subsister le flou...
L'accord signé entre les Présidents Kagame et Kabila - accord que d'aucuns n'ont pas hésité à appeler « jeu de dupes » -, n'a toujours pas porté ses fruits et traduit l'espoir du peuple congolais en espèces sonnantes et trébuchantes. C'est dire qu'il n'a pas, jusqu'ici, permis aux Congolaises et aux Congolais de réaliser ce à quoi ils n'ont de cesse, depuis le début de la guerre et de l'occupation, de viser : la paix, la réconciliation nationale, la réunification du pays et la démocratisation de la vie politique.
La MONUC a dénoncé, il y a peu de temps, le déploiement, en violation flagrante de l'accord de Pretoria, des troupes rwandaises additionnelles sous le fallacieux prétexte de la chasse aux Interahamwe et Cie au Sud-Kivu et au Maniema. A quoi rime l'opération de rapatriement des réfugiés congolais (Banyamulenge/Tutsi) dont l'âge ne dépasse guère la trentaine à Masisi par le Rwanda ? Pourquoi ne les avoir pas installés au Sud-Kivu d'où ils sont censés être originaires ? Que se cache-t-il derrière ce renvoi qui se fait en dehors des « principes du retour volontaire » ?
Le but recherché par le gouvernement de Kinshasa, en multipliant de sempiternels accords avec des « partenaires » qui ont des intérêts variés et développent des visées ambitieuses et fort éloignées en RDCongo - intérêts politiques, d'un côté, visées économiques, de l'autre -, est de gagner du temps, d'avoir barres sur les autres composantes du Dialogue intercongolais et, par ricochet, de les disqualifier. Au cas où ces gesticulations aboutiraient, n'allons-nous pas assister à la consolidation du règne monarchique et au renforcement du régime basé sur la pensée unique et unilatérale, actuellement en place, en RDCongo ?
Tant de questions restent en suspens...
Berlin, le 11.09.02