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Les parents et élèves congolais sont fixés, depuis hier, sur la date de la rentrée des classes 2003-2004. Rentrée qui intervient le 8 septembre prochain sur l'ensemble du territoire national congolais. Le porte-parole du gouvernement l'a annoncé le vendredi, 15-08-03, à Kinshasa, à l'issue de la troisième réunion des Ministres.
Les parents seront également fixés bientôt sur les frais à payer pour la scolarisation de leurs enfants l'année scolaire prochaine dans les écoles publiques. Selon le Ministre de l'information et de la presse, porte-parole du gouvernement, la proposition faite par la Ministre en charge de l'enseignement primaire, secondaire et professionnel, après concertation avec tous les partenaires du système éducatif, a été adoptée par le Conseil des Ministres. Mais le compte-rendu n'a pas mentionné le montant de la somme à payer par les parents.
Si les parents doivent attendre encore pour être fixés sur les frais à payer pour assurer l'éducation de leurs enfants au niveau primaire et secondaire, ils doivent aussi attendre pour connaître le niveau d'intervention de l'Etat dans les frais de fonctionnement des écoles publiques. La commission socio-culturelle et la commission économique et financière doivent conjointement arrêter ce niveau d'intervention pour alléger la charge des parents.
Les enseignants, eux aussi, doivent attendre ... l'année prochaine pour savoir si leurs salaires seront modifiés et à quel pourcentage. Le gouvernement a chargé la Ministre de l'enseignement primaire et secondaire d'en tenir compte dans le budget de son département pour l'exercice 2004.
Le salaire des enseignants, les frais scolaires et les frais de fonctionnement des écoles sont des questions qui minent le système éducatif congolais depuis plusieurs années. L'Etat s'est désengagé de ce secteur ne consacrant que moins de 1 % du budget national chaque année. On comprend à quel niveau le secteur de l'enseignement a toujours été placé dans ce pays. Qui a dit que la jeunesse est l'avenir du pays ?
Ce désengagement de l'état du système éducationnel et l'instauration du prétendu partenariat éducatif inventé pour combler ce désengagement a jeté hors de l'école des milliers d'enfants dont les parents ne sont pas à même de contribuer aux salaires des enseignants et aux frais de fonctionnement des écoles, sans compter les nombreuses autres dépenses formelles et informelles à engager pour espérer voir un enfant bénéficier d'un minimum de formation scolaire. Les nombreuses promesses faites par l'Etat pour supprimer ces multiples frais sont restées des vœux pieux. Depuis plusieurs années, le taux de déscolarisation n'a cessé de grimper à Kinshasa, la capitale congolaise. Les organisations non-gouvernementales de défense des droits des enfants parlent de plus de 70% de déscolarisation chaque année à Kinshasa.
D'autres questions conjoncturelles risquent de miner davantage l'année scolaire 2003-2004 - si elles n'entravent pas la rentrée.
La guerre a détruit les infrastructures scolaires dans l'arrière-pays aggravant ainsi la situation déjà précaire avec le nombre réduit d'écoles en état de recevoir les élèves dans les conditions minimales de travail. En effet, bien avant les deux guerres dites de libération, la plupart d'écoles étaient en état de délabrement très avancé. Certaines communes de Kinshasa n'ont plus d'écoles publiques. Cependant, les écoles qui existent sont tellement avancées dans leur délabrement que les élèves, les enseignants et même les squatters les ont désertées.
La guerre qui se poursuit dans la partie orientale congolaise entre le Rassemblement Congolais pour la Démocratie, basé à Goma, et les différents groupes Mai-Mai, d'une part et, d'autre part, entre différents groupes armés dans l'Ituri risque de compromettre la rentrée des classes dans cette partie du pays. Rappelons qu'à cause de la guerre qui se poursuit, trente sept personnes - dont vingt-six vaccinateurs, trois superviseurs, six mobilisateurs et deux porteuses de la campagne nationale de vaccination -, ont été prises comme cibles par les soldats du RCD/Goma à Kalima, localité située à 101 km de Kindu, chef-lieu du Maniema. Elles ont dû se réfugier dans la zone sous contrôle Mai-Mai. Dans le Nord-Kivu, les zones de santé de Kayna, Lubero, Manguredjipa, Pinga et Walikale n'ont pas été couvertes par la dernière campagne des journées locales de vaccination du 25 au 27 juillet 2003.
Au chef-lieu du territoire d'Ikela, dans la province de l'Equateur, la population, sortie de la forêt, est confrontée quotidiennement aux mines et autres engins explosifs abandonnés ou plantés par les belligérants. Des accidents survenus empêchent les habitants de vaquer normalement à leurs occupations.
A ce jour, la rentrée scolaire annoncée est certaine de beaucoup d'incertitudes.
EMMANUEL BOSUKA NKELE
Kinshasa le 16.08.03