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Le « plan de trente ans pour l'émancipation de l'Afrique belge » publié - en 1955 en flamand et traduit en français en 1956 - en Belgique par le Professeur Jef Van Bilsen avait été un coup dont l'onde de choc s'était, en son temps, répercuté jusqu'au Congo.
En Belgique métropolitaine, la publication du document de Van Bilsen avait provoqué des remous dans les milieux politico-intellectuels. L'idée avait été rejetée avec fracas. Au Congo belge, l'onde de choc avait divisé. D'une part, les partisans de l'émancipation politique en harmonie avec la Belgique au sein desquels l'on comptait les signataires du « Manifeste de la Conscience Africaine ». D'autre part, les partisans de l'indépendance immédiate et sans conditions. L'ABAKO, Alliance des Bakongos, avait été la première à l'exiger.
Dans la lutte politique en Belgique métropolitaine comme au Congo belge, l'idée de l'indépendance immédiate et sans conditions avait fini par s'imposer. Et le 30 juin 1960, le Congo belge devint indépendant. Quarante quatre ans après l'indépendance, le Congo ex belge est nu et, entièrement, dépendant de l'aumône internationale.
Loin de moi, ici, est tout vilain dessein d'affirmer que les partisans de l'indépendance immédiate et sans conditions qui criaient haut et fort avaient eu tort de n'avoir pas, en son temps, écouté la voix de la conscience qui parlait bas. Bien au contraire !
La chaleur et la ferveur des indépendances africaines ne pouvaient que jouer en faveur du tout - et tout de suite. Ce que je dis aujourd'hui sans peur d'être contredit, c'est que les quarante quatre ans de l'indépendance qui nous a rendus entièrement dépendants a mis à nu une vérité claire comme l'eau de source et dure comme le diamant congolais : depuis les années de lutte pour l'indépendance jusqu'à ce jour, le Congo, son avenir et son devenir n'ont pas été pensés. Le pays a flotté et continue à flotter sur les vagues de multiples et tumultueux événements. Du « Manifeste de la Conscience Africaine » des intellectuels catholiques de 1956 au programme actuel élaboré avec le concours des institutions financières internationales - en passant par les discours politiques des « pères de l'indépendance », les projets de société des partis qui se sont battus et combattus et de ceux qui continuent, aujourd'hui, à se battre et combattre pour accéder au pouvoir -, il n'y a que des idées.
Plus de quarante quatre ans après, l'histoire têtue des peuples et des nations rappelle le Congo et les Congolais à la raison, ou si l'on veut, à l'ordre. S'il est vrai que le destin des peuples et des nations s'assume, il est aussi vrai qu'il se pense d'abord.
Après plus de quatre décennies des hauts et des bas, comme on dit, ou si on veut, après plus de quatre décennies de descente progressive aux enfers, le moment est venu pour les Congolais, les cerveaux congolais, de tracer les contours du Congo de demain. Penser, aujourd'hui, le Congo de demain veut dire penser ce que sera le pays et ses habitants en Afrique et dans le monde dans un avenir plus ou moins proche. C'est aussi, au risque de faire de redite, penser ce que doivent faire les Congolais aujourd'hui pour que leur pays devienne ce qu'ils veulent bien qu'il soit. C'est également penser ce que doit être le Congolais capable d'agir en vue de mener le Congo à son destin. Il y va, ici, de la problématique de l'affirmation selon laquelle un homme sans ambition et une société sans idéal sont voués à la mort et/ou au dépérissement. Cet état des faits caractérise on ne peut mieux la situation dans laquelle se trouvent, aujourd'hui, le Congolais et la société congolaise.
Il faut d'abord dessiner dans nos esprits cette image idéale du Congo. Les rudiments qui, sans faute, existent doivent être repris, repensés et réinsérés dans le contexte de la situation actuelle. Ensuite, il faut tracer le « portrait robot » du Congolais appelé à s'assumer pour que vive son Congo selon l'idéal défini. Il faut aussi penser la « machine » académico-scolaire.
EMMANUEL BOSUKA NKELE
Kinshasa le 8.02.04