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A deux jours de l'An 1 du gouvernement de Transition et du 44ième anniversaire de l'accession de la RD Congo à l'indépendance, l'Assemblée nationale a adopté la loi organique sur la nouvelle armée intégrée - laissant, à l'étonnement général, en suspens l'article 126 de la même loi et relatif au quota des forces commises à la protection du Chef de l'Etat. Nous y reviendrons.
Ce double anniversaire qui a eu lieu sur fond des tensions engendrées, d'une part, par la rébellion à l'Est de la République et, de l'autre, par les deux coups d'Etat manqués (de mars et de juin derniers) n'a été marqué d'aucune manifestation officielle. La raison réelle évoquée par moult observateurs avertis : la peur (des gouvernants) que la population ne profite de l'occasion pour exprimer son ras-le-bol sur la place publique comme elle l'avait fait le 3 juin dernier dans le cadre des manifestations contre l'occupation de la ville de Bukavu par les mutins.
C'est une « première », dans l'histoire du « Congo indépendant », que le « 30 juin » soit célébré dans la grande sobriété.
Dans son adresse à la Nation diffusée, le 29 juin 2004, par la RTNC, le Chef de l'Etat congolais, Joseph Kabila, a dressé un « bilan mitigé » de la Transition. Sous la rubrique « succès de la Transition » figurent « les progrès sur la voie du pluralisme politique et de la consolidation d'un Etat de droit ». Par contre, « la réforme des entreprises publiques, la prise en charge des couches les plus défavorisées de la population et la restructuration et l'intégration harmonieuse de l'armée » font partie, aux dires du Président J. Kabila, de ce qui n'a pas été accompli au cours de l'An 1 de la Transition. Il y a, en sus, évoqué « le retard pris » (par l'Assemblée Nationale, Ndlr) « dans la mise en place de l'arsenal législatif destiné à régir l'organisation des élections et à doter les institutions d'appui à la démocratie d'une assise juridique ». Pour le Chef de l'Etat congolais, « la situation demeure préoccupante sur le front social et économique ainsi que dans le domaine de la réhabilitation et de la reconstruction des infrastructures ». Malgré ce constat frisant le fiasco, il reste convaincu que « le pays est désormais engagé, de manière irréversible, sur le chemin de la paix et du redressement national ». Et cerise sur gâteau : il a annoncé un énième remaniement gouvernemental - remaniement qui a été, en partie, opéré. V. Kamerhe, Ministre en charge de la Presse et Communication et porte-parole du gouvernement, vient d'être intronisé Secrétaire général du Parti cher au Président de la République, le Parti Populaire pour la Reconstruction et le Développement (PPRD), par le Vice-Président Abdoulaye Yerodia Ndombasi.
Un remaniement, pour quoi faire ? C'est la question que nous nous posons d'autant plus que ce n'est pas la mobilité sociale au sein du gouvernement de Transition, comme le montrent, à suffisance, les chambardements précédents au niveau de la structure exécutive, qui va insuffler une dynamique à l'action gouvernementale qui - du fait de l'amateurisme politique, de l'incompétence de l'équipe au pouvoir et, surtout, de la munificence des acteurs des Institutions de la Transition -, demeure très médiocre.
Chemin faisant, nous nous approprions ce jugement du quotidien abidjanais, Fraternité Matin (01.07.2004) : « un Président plus quatre Vice-Présidents égalent zéro » (1+4=0). Il s'agit, en fait, d'un slogan utilisé par une partie de la population congolaise lors des manifestations de réprobation de l'occupation de la ville de Bukavu par les mutins. En somme, cette formule brève et frappante résume, à l'envi, la position des Congolaises et des Congolais par rapport au bilan de l'An 1 de la transition - position qui se veut, si besoin est, négative. Et pour cause. Les composantes et entités au Dialogue intercongolais, toutes tendances confondues, ont, au cours de l'année qui vient d'achever sa carrière, fait montre d'un penchant (égoïste) qui, au risque de faire de redite, privilégie leurs propres intérêts au détriment de ceux de la population et dont le blocage, par le PPRD et alliés, des travaux de l'Assemblée Nationale en relation avec la taille de la garde présidentielle, dénommée « garde républicaine » dans la nouvelle loi, sert d'illustration.
Après que la Chambre basse du Parlement congolais eut, par 169 voix pour et 130 contre, opté pour une « garde républicaine » de la taille d'une brigade (pas plus de 3.500 hommes), la mouvance présidentielle (PPRD et alliés) qui plaide pour la création d'une division (soit 15.000 hommes), en choisissant la « politique de la chaise vide », a fait montre d'une lecture insaisissable de la démocratie parlementaire. Ce, au point de susciter la question de savoir comment le parti cher au Président de la République se comporterait au cas où, par malheur, les électeurs lui refuseraient leur suffrage lors des élections prévues l'année prochaine. Wait and see...
Au moment où la RD Congo doit faire face aux menaces d'une troisième guerre, n'aurait-il pas été indiqué que « Mesdames et Messieurs les Députés » - non-élus du peuple congolais, par surcroît -, se concentrassent sur la création d'une armée républicaine capable de répondre au défi lancé à notre pays ? Contrairement à ce que pensent les thuriféraires de la composante ex-gouvernement et alliés, nous ne sommes pas d'avis que la sécurité du Président de la République soit assurée à 100 % au seul motif que la garde chargée de sa protection compte, en son sein, plus de 15.000 hommes. Bien au contraire.
Dans cet ordre des choses, un quotidien paraissant dans la capitale congolaise nous renseigne, par exemple, que « la sécurité du Chef de l'Etat », en France, « est assurée par le Groupe d'Intervention de la Gendarmerie Nationale (GIGN) ... composé de 52 personnes ». Ce groupe « travaille en collaboration avec le Service de protection des hautes personnalités » dont le nombre des membres se chiffre à 500 personnes. Selon le journal suscité, il en est de même de la Belgique. « Le Roi, sa famille et les membres du gouvernement sont protégés par les agents de la police fédérale et par la sécurité nationale » dont l'effectif demeure restreint. Dans l'un comme dans l'autre cas, les services commis à la protection des autorités dépendent du Ministère de l'intérieur.
Dans le susdit papier, il est aussi fait cas du premier Chef de l'Etat congolais, Joseph Kasa-Vubu, dont la sécurité avait été assurée par 500 hommes de l'Armée Nationale Congolaise.
Avons-nous la mémoire courte ou souffrons-nous de l'amnésie ? Il n'y a pas si longtemps, les uns ou les autres n'avaient eu de cesse de fustiger la DSP. Après l'entrée de la défunte AFDL dans Kinshasa, en 1997, l'on s'était empressé de créer le GSSP dont le modelé morphologique ressemble, comme deux gouttes d'eau, à la DSP de triste mémoire. Point ne nous est besoin d'ajouter que l'une des deux structures a constitué et l'autre continue à constituer « une armée dans l'armée » mise à la disposition d'un seul individu et dont les privilèges incommensurables étaient et sont l'objet de jalousie et d'opprobre de la part d'autres militaires n'y faisant pas partie. Alors que l'effectivité de la DSP pendant la campagne de la défunte AFDL avait été nulle, le GSSP s'est, jusqu'ici, caractérisé par une double trahison : l'assassinat de feu Président Laurent-Désiré Kabila et le coup d'Etat manqué de son Chef pour la ville de Kinshasa, le Major Eric Lenge.
Berlin le 4.7.2004