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La 3ième réunion de l'Union Africaine qui s'est tenue à Addis-Abeba, capitale de l'Ethiopie et siège de la Commission Africaine, du 6 au 8 juillet derniers, avait eu entre autres thèmes la situation de crise à répétition dans la partie orientale de la RD Congo, plus particulièrement les accusations récurrentes que le Rwanda et la RD Congo se renvoient.
Les accusations du Rwanda portent, de façon continuelle, sur l'aide que la fraction proche du Président J. Kabila dans le gouvernement de Transition apporte(rait) aux soldats des ex-Far et aux Interahamwe dans leurs opérations de déstabilisation du Rwanda. La RD Congo accuse, sans cesse, le Rwanda de continuer à occuper le territoire congolais et, tout récemment, d'avoir fourni la logistique aux insurgés qui avaient occupé, il y a peu (fin mai/début juin 2004), la ville de Bukavu.
Le Président J. Kabila qui devait, à la tête d'une délégation gouvernementale, faire le déplacement d'Addis-Abeba, avait préféré rester au pays où il devait, selon son porte-parole, traiter des dossiers importants sur l'insécurité à l'Est de la République et le remaniement du gouvernement de Transition. Cependant, la raison essentielle de l'absence du Chef de l'Etat congolais à Addis-Abeba se trouve, aux dires des observateurs avertis, dans le rapport mis en page par le Président de la Commission Africaine, Alpha Oumar Konare, à l'attention du Conseil de sécurité et paix de l'Union Africaine. Dans ce document de travail, il est, entre autres, question du « dysfonctionnement intérieur qui est la cause majeure de la déstabilisation » permanente en RD Congo.
Sans pour autant remettre en question les capacités diplomatiques du Ministre congolais en charge des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, nous regrettons vivement que le Chef de l'Etat congolais ne se soit pas rendu à la rencontre d'Addis-Abeba. D'autant plus que celle-ci lui aurait, sûrement, servi de tribune pour fustiger, haut et fort, les diaboliques machinations de ceux qui entretiennent la crise dans la partie orientale du pays, crise dont ils se servent comme tremplin et cheval de Troie en vue de pérenniser le pillage de nos richesses naturelles et autres.
Toutes proportions gardées, il nous faut prendre le « rapport Konare » en patience. D'autant plus que l'actualité nous révèle, chaque jour davantage, l'incohérence dans l'agir politique et la versatilité des animateurs des Institutions de la Transition. Commentant la réunion du Conseil de sécurité des Nations Unies du 05.05.04, réunion à l'issue de laquelle l'adoption de la résolution - introduite par le gouvernement congolais auprès de l'organe exécutif de l'organisation mondiale à la suite de la constatation par la MONUC de la présence des éléments de Rwandan Defence Forces (Forces Rwandaises de Défense) à Bunagana (Nord-Kivu, avril 2004) -, avait été ajournée, le Ministre congolais des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, A. Ghonda, n'avait-il pas parlé de « cacophonie dans l'attitude des autorités congolaises » et de « travail de sape perpétré contre le Congo aux Nations Unies » ? Comme nous l'avions, en son temps, indiqué dans notre papier à l'intitulé « Le prix de la cacophonie », le Chef de la Diplomatie congolaise avait attribué la non adoption de cette résolution interdisant au Rwanda d'envoyer ses forces armées en RD Congo à « la confusion créée à la suite de la conférence de presse du Vice-Président Ruberwa dont il avait tu le nom ». Que dire de la sortie des 8 parlementaires, membres du RCD-Goma, qui, un an après la mise en exécution de l'Accord global et inclusif - Accord que certains d'entre eux avaient co-signé -, viennent de décider de boycotter, jusqu'à nouvel ordre, les travaux parlementaires. Un des motifs évoqués : l'incompatibilité de la formule « 1+4 ».
Une autre raison qui milite en faveur de la relativisation du « rapport Konare » nous est fournie par le communiqué final de la rencontre d'Addis-Abeba. Répondant à la volonté exprimée lors du mini-sommet sur la RD Congo du 06.07.04 - sommet tenu en marge de la 3ième réunion de l'Union Africaine et auquel avaient pris part le Secrétaire général de l'ONU, plusieurs Chefs d'Etat africains et le Ministre congolais des Affaires étrangères et de la Coopération internationale -, et donnant suite au sommet d'Abuja (Nigeria) qui avait rassemblé J. Kabila et P. Kagame autour du Nigérian Olusegun Obasanjo, les Chefs d'Etat et de gouvernement ont renouvelé, au terme de la 3ième réunion de l'Union Africaine, leur confiance aux Institutions de la Transition, appelé les pays voisins à ne plus déstabiliser la RD Congo et décidé de mettre en place un mécanisme de vérification portant sur les sujets litigieux et d'organiser des réunions régionales régulières en vue d'apaiser les tension pouvant, à l'avenir, mettre à couteaux tirés Kigali et Kinshasa.
Nous ne le dirons jamais assez. Aussi longtemps que l'amateurisme politique continuera à guider l'action de ceux qui nous gouvernent, on n'est pas sortis de l'auberge. Il y a lieu de rappeler, ici, la sortie, ci-haut évoquée, des 8 parlementaires du RCD-Goma, sortie qui met en exergue, si besoin est, ce qu'il convient d'appeler le « mal congolais ». Dont on a tout dit, sauf l'essentiel : la médiocrité de la classe politique qui en est, à notre avis, la source. Autrement dit : un changement aussi profond que celui dont la RD Congo a, présentement, besoin, peut-il s'opérer avec la bande à Bizima (Karaha) ? Nous ne le pensons guère. D'autant plus qu'elle vient, à travers ses gesticulations désespérées, de montrer, à suffisance, son incapacité de connaître le vécu, c'est-à-dire la vie quotidienne pour en faire un bien social au profit de la société congolaise qui, de ce fait, continue à être victime d'une clochardisation, sans cesse, en progression.
Qu'on se le dise : la démocratie ne tombera pas du ciel comme des alouettes rôties. Il faut parvenir, absolument, au consensus sans lequel il n'y aura pas des racines pour la IIIème République dans notre pays. Manière de reconnaître que la finalisation du processus issu du dialogue intercongolais - processus qui, nous espérons, ne constitue nullement une parade ponctuelle à la suite des événements -, passe, en dépit des déboires vécus par-ci par-là, inéluctablement par la tenue des élections libres, démocratiques et transparentes et à l'issue desquelles seront écartés de la scène politique ceux dont la responsabilité dans la genèse et l'entretien du « mal congolais » n'est que trop évidente.
Berlin le 14.7.2004