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Un grand effroi nous a envahis en prenant connaissance de la réaction du Ministre congolais en charge de l'information par rapport à la sortie de M. Olenghankoy après sa défenestration du gouvernement. Sortie que nous nous empressons aussitôt de condamner au motif que ce dernier aurait dû la faire au moment où il était encore dans le gouvernement qui, n'ayons pas peur des mots, nous régente sans délégation de pouvoir de notre part.
"La personne du Chef de l'Etat est sacrée", continue à chanter sur tous les toits M. Mova.
La question que nous nous sommes, d'emblée, posée et continuons à nous poser est celle de savoir l'époque dans laquelle nous vivons. Ce, d'autant plus que cette déclaration du Ministre congolais de l'information nous ramène tout droit à l'époque de la monarchie de droit divin. Epoque, à notre avis, à jamais révolue. En sus, la RDCongo, n'est-ce pas une République ? Et "démocratique", par surcroît...
La curiosité nous a poussés, tout en étant néophyte ès choses constitutionnelles, à relire les textes de l'Accord global et inclusif et de la Constitution de Transition. En aucun lieu, il est question de la "sacralité de la personne du Chef de l'Etat congolais...".
Cela étant, que l'on cesse de nous fatiguer par des déclarations intempestives et dont le but visé est d'emmieller ... en vue de continuer d'occuper une place confortable sur l'échiquier d'aisance de la République. Ainsi, l'on crée, de toutes pièces, de petits dictateurs qui, à force d'entendre de tels propos, se croient "au-dessus de la mêlée"- l'expression est aussi de M. Mova, toujours en relation avec le Chef de l'Etat congolais. Ce qui étonne, c'est le fait que le feu Maréchal Mobutu avait l'habitude d'utiliser la même expression...
A chacun de réciter sa leçon.
Observant, depuis des années, le fonctionnement des Etats, dans les pays dits développés, il nous est arrivé, à maintes reprises, de lire les incriminations dont étaient ou sont l'objet certains de ceux qui y coiffent les institutions. Le cas de M. Nixon qui, évitant l' "impeachment", avait remis le tablier bourdonne encore... Le Président de la République Fédérale allemande, nouvellement élu, s'était fait rappeler à la raison, par la presse allemande et la coalition gouvernementale, pour avoir dépassé ses prérogatives sans que l'on parlât de la "sacralité de sa personne".
Autrement dit, nous demandons à M. Olenghankoy - au cas où il y aurait malversation de la part du Président J. Kabila -, de livrer les pièces convaincantes de ses allégations et au Ministre congolais de l'information d'éviter le mélange des genres. Il est le porte-parole du gouvernement et non le ventriloque attitré du Chef de l'Etat.
Pour faire d'une pierre deux coups, passons au coupe-coupe analytique la suspension de deux chaînes de télévision et de la radio "Liberté" appartenant au Vice-Président J.P. Bemba. Suspension décidée, du simple fait du prince, par le Ministre en charge de l'information - nous avons cité, ici, M. Mova -, après que M. Olenghankoy eut, à travers une des chaînes de télévision suspendues, craché sur la "personne sacrée" du Chef de l'Etat congolais.
En attendant d'en juger, il est une certitude : le PPRD, en quelques mois d'existence, s'est rallié au mode de gestion manipulatrice qu'on croyait, avant mai 1997, l'apanage du MPR, parti-Etat. Aujourd'hui, "l'héritage" est assumé.
De ce point de vue, la sentence arbitrale de suspension des deux chaînes de télévision et de la radio "Liberté" - infligée, de son propre chef, par M. le Ministre Mova -, parce que du début à la fin outrageusement politique, est une affligeante débâcle pour la liberté d'expression. Elle est vécue comme telle par tous ceux qui, à la faveur de l'Accord global et inclusif, avaient cru à l'avènement d'une nouvelle aire de liberté en RDCongo.
M. le Ministre en charge de l'information a-t-il agi en free lance, c'est-à-dire sans couverture officielle ? Nonobstant la réponse à cette auto-interrogation, il y a lieu de critiquer cette façon inique d'agir qui participe d'un mécanisme mental séculaire. Nous ne devons pas perdre de vue qu'il y a toute une mécanique derrière une opération débouchant sur la suspension d'une station de la radio ou d'une chaîne de télévision. Une mécanique contractuelle, juridique, éthique et politique. L'imbrication de tous ces aspects est totale.
A l'échec de la "Moralpolitik", conséquence de la décision du M. le Ministre de l'information, pourrait succéder l'échec de la "Realpolitik" inaugurée par l'Accord global et inclusif de Sun City et la Constitution de la Transition.
Berlin le 23.01.2005