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Répondant à l'appel de l'opposition politique (UDPS, PALU et autres partis et mouvements politiques ne faisant pas partie des institutions de la Transition), les Congolais, partis, en groupes de 100 à 300 personnes, de différents quartiers de la capitale, n'ont pas atteint, le jeudi dernier, leur objectif : le palais du peuple, le siège du Parlement, où devait prendre fin la manifestation contre l'ajournement de premières élections organisées dans le pays à la sortie de " la première guerre mondiale africaine ". Ils en ont été empêchés par l'intervention massive et musclée de la police et des forces de sécurité. De bon matin, deux hélicoptères de l'armée volaient à basse altitude sur la ville de Kinshasa où 5.000 membres des services de sécurité auxquels s'étaient ajoutés les éléments du GSSP avaient occupé les points névralgiques et stratégiques de la capitale congolaise.
Des manifestations étaient organisées aussi dans d'autres villes de la RD Congo, plus particulièrement dans les provinces d'où sont originaires, selon une certaine presse, "la grande majorité des membres" de l'UDPS (Mbuji-Mayi, Tshikapa, Mwena Ditu).
L'élection présidentielle devait avoir lieu en vertu de l'accord qui avait mis fin à une guerre meurtrière de cinq ans entre le gouvernement de Kinshasa et la rébellion. Mais les Parlementaires avaient - en prolongeant, vers la mi-juin, la Transition jusqu'à la fin de mois de décembre 2005 -, reconduit l'actuel gouvernement dans ses fonctions.
Les rumeurs mises à circulation, au dire de certaines sources, par le gouvernement et portant sur les machettes que se seraient procurées la population, sous l'impulsion des partis d'opposition, en amont du " 30 juin ", en vue de résister contre les forces de sécurité et d'assassiner des personnes proches du gouvernement se sont, en fin de compte, révélées fausses. Il en est de même des pillages annoncés par une certaine presse mais qui, contrairement à toute attente, n'ont pas eu lieu.
Les nouvelles en provenance de Kinshasa et d'autres villes où des manifestations anti-prolongation de la Transition avaient été organisées font état de dizaines de morts et de centaines des blessés au cours des affrontements avec les forces de l'ordre, la police. Un jour après les manifestations, le nombre exact des morts, des blessés et des personnes arrêtées est l'objet des interprétations divergentes. Ce qui, cependant, est vrai, c'est que l'on ne saura jamais en établir le bilan définitif. Alors que le Ministre de l'intérieur parle de 1 mort, 11 blessés et presque 451 personnes arrêtées dans la ville de Kinshasa, l'UDPS signale plusieurs morts (Kinshasa : 13 ; Mbuji-Mayi : 8 ; Tshikapa :6 ; Luebo : 19 ; Muena Ditu : 1 ; Goma : plus ou moins 10), une centaine de blessés et autant des personnes arrêtées dans toute la RD Congo. La MONUC qui fait état de 2 morts et de plusieurs blessés à Kinshasa parle aussi de plus de 500 arrestations opérées dans la capitale. Parmi les morts de Kinshasa, l'on déplore l'exécution sommaire d'une femme qui a été abattue à bout portant dans sa parcelle, à Matete, par la police qui était à la poursuite des manifestants qui y avaient trouvé refuge. Deux des filles de l'assassinée, grièvement blessées, ont été amenées à l'hôpital.
Le conseiller politique de M. Etienne Tshisekedi, Me Mukendi, a annoncé l'arrestation de deux secrétaires généraux adjoints et de deux secrétaires nationaux de l'UDPS dont il a exigé, par ailleurs, la libération immédiate et sans conditions. " Il s'agit, ici, d'une systématique violation des droits de l'Homme ", a-t-il ajouté. La MONUC signale aussi l'arrestation de 4 journalistes et cameramen des chaînes de Télévision privées dont les outils de travail et les films ont été confisqués par les forces de sécurité.
L'information sur la présence des troupes étrangères, en uniforme de la police congolaise, n'a été ni confirmée ni infirmée. Interrogée à ce propos, une porte-parole de la MONUC a refusé de se prononcer...
Alors que le Président du Sénat a mis en garde ceux qui veulent, de façon violente, mettre fin à la Transition et dont il a qualifie le comportement d'anticonstitutionnel, les Ministres de l'intérieur et de l'information ont fait l'éloge des forces de l'ordre pour avoir étouffé dans l'œuf des " actes illégaux et non autorisés ".
L'on a de cesse, un jour après les événements, de se poser la question de savoir pourquoi les forces de l'ordre - équipées de matériel non létal, nous dit-on -, ont fait usage des balles réelles, de leurs armes lourdes face à la population qui, sans armes, manifestait pacifiquement. Ce questionnement se veut de plus en plus pertinent d'autant que les forces de sécurité congolaises ont la réputation de prendre la foudre d'escampette face aux troupes étrangères...
Berlin, le 01.07.2005