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Le mois dernier, le Ministre congolais en charge de l'intérieur et de la sécurité, Monsieur le Pr Théophile Mbemba, dicté sans doute par le mimétisme du sensationnel, avait annoncé, avec fracas, devant la presse nationale et internationale, le démantèlement et l'arrestation d'un groupe de « 32 mercenaires », composés des Nigérians, Sud-Africains et Américains. Groupe dont la mission essentielle était de perpétrer un « coup d'Etat » en RD Congo. Ce, dans le but évident de saboter, selon toujours le précité, le processus électoral en cours.
Ce qui, à première vue, avait relégué le « scoop », nous citons ici le créateur et le chorégraphe de ce ballet de l'absurde, traduisez M. Théophile Mbemba, au domaine de l'imaginaire, c'est surtout l'amateurisme manifeste avec lequel les « faits » avaient été présentés. Le maître circonstanciel de cérémonie, incapable d'exhiber des preuves (documents ou armes trouvées chez les « incriminés ») pouvant étayer son accusation, avait totalement oublié - serait-ce pour les besoins de la cause ? -, que le peuple congolais, à son corps défendant, avait été, sous la 2e République, de façon récurrente, témoin de la mascarade propre aux régimes totalitaires, mascarade qui consiste à « amuser la galerie » en annonçant, sans discontinuer, la mise en échec des coups d'Etat qui n'étaient ou ne sont que de pures imaginations dans le chef de leurs annonciateurs ou des maîtres dont ils servent de ventriloques.
Qu'on se le dise : l'astuce des coups d'Etat-maison à répétition est éculée et ne saurait duper le peuple congolais.
La vérité, toute nue, est autre. Alors que deux de prétendus mercenaires avaient pour missions de sécuriser et de conseiller M. Oscar Kashala, candidat à l'élection présidentielle sous la bannière de l'Union pour la Reconstruction du Congo (l'UREC), et un troisième participait à la formation des agents de sécurité de l'ONATRA, le reste du groupe travaillait pour le compte d'une société de gardiennage sud-africaine (OMEGA), installée et offrant, légalement, ses services en RD Congo.
Ce qui, en sus, n'est pas sans étonner, c'est que M. le Ministre de l'Intérieur ait décidé de porter à la connaissance du public le « démontage du coup d'Etat » et l'arrestation de prétendus maîtres d'œuvre sans se donner, au préalable, la peine de réserver la primeur de « l'opération » menée par les services de sécurité à la hiérarchie - traduisez le Vice-Président de la République en charge de la sécurité et de la défense qui, sans ambages, avait, au cours d'une conférence de presse tenue à Kinshasa, parlé d'une « affaire montée de toutes pièces ». Le gouvernement de Transition, non plus, n'avait pas été mis au parfum de ce qui, si cela était avéré, aurait pu constituer un acte grave et aux conséquences désastreuses en rapport avec le déroulement des élections attendues depuis plus de quatre décennies en RD Congo. Ceci nous fait dire qu'il se soit agi, ici, d'un coup théâtral de mauvais aloi et dont l'initiative revient au parti présidentiel, le PPRD, et à la « composante gouvernement ». De là à dire que le but visé par les auteurs de cette machination où le burlesque et la facétie vont de pair et, par la suite, se confondent était d'intimider les candidats à l'élection présidentielle - plus spécialement, le candidat de l'UREC (l'Union pour la Reconstruction du Congo), M. Oscar Kashala -, il n'y a qu'un petit pas que les données factuelles poussent plus d'un observateur averti de la scène politique congolaise à franchir par petites touches répétitives...
Séance tenante, le candidat Kashala avait déclaré, au sortir de l'interrogation à laquelle il avait été convié par les services du Colonel Raus Lwalha de triste mémoire, que le « tout » n'était que de « secrètes » menées réalisées dans l'action de nuire à sa réputation - donc des manipulations à caractère électoraliste, allions-nous ajouter. Le CIAT, utilisant la langue de bois ou le langage diplomatique, c'est selon, a appelé le « gouvernement » à éviter, à l'avenir, tout acte tendant à intimider les candidats aux élections...
Quelques jours après, c'est, de nouveau, une grande surprise : à la suite d'un internement de 9 jours, les « 32 mercenaires » étaient, sans tambour ni trompette, expulsés vers leurs pays d'origine, laissant ainsi le peuple congolais et l'opinion internationale sur leur faim en rapport avec les dessous de cette affaire rocambolesque.
Après leur retour aux Etats-Unis d'Amérique, deux des trois « mercenaires », se confiant à la presse, ont nié leur implication dans un quelconque « coup d'Etat » en RD Congo, « coup d'Etat » qui ne serait, selon eux, que le produit de la fécondité de « l'auteur » de l'incrimination dépourvue de fondement et de sens dont ils ont été l'objet.
Sous d'autres cieux, on aurait parlé, après l'expulsion des « incriminés », de cessation, de l'arrêt de l'instruction du « dossier » qui, dans le cas de figure, était et est, à la vérité, totalement vide. Argumenter ainsi et, surtout, le croire, c'est oublier que la RD Congo est, depuis belle lurette, réduite, par ces princes qui nous gouvernent sans délégation de pouvoirs, au niveau d'un pays où « le ridicule ne tue pas ».
Côté mise en scène : le vendredi dernier, le peuple congolais et la communauté internationale ont appris, à travers une déclaration de la porte-parole de l'UREC, que l'avocat du Président de l'UREC, M. le Pr Mukadi Bonyi, avocat à la Cour Suprême de Justice, se trouvait depuis le jeudi, 08.06.2006, dans les locaux des services spéciaux de la police (immeuble Kin-Maizière) pour les besoins de l'enquête portant sur « l'affaire des 32 mercenaires », affaire qui, au dire du Colonel Raus Lwalha que nous citons ici de mémoire, serait « très grave ».
Puisque les « prétendus incriminés », c'est-à-dire ceux qui devaient enclencher le fameux coup d'Etat, ont déjà quitté la RD Congo et se trouvent, de ce fait, en dehors de l'imperium de la justice congolaise, il se pose, sérieusement, la question de savoir le pourquoi de l'acharnement obsessionnel auquel est soumis, aujourd'hui, le défenseur, l'avocat de M. Oscar Kashala. Est-ce pour corriger les ignominies dites par Monsieur le Ministre Théophile dont la mésaventure aurait, ailleurs, conduit à son « débarquement ». Mais hélas ! Que l'on ne s'étonne pas qu'il soit encore au pouvoir. Il y va, ici, de la République Démocratique du Congo où le principe « j'assume les fonctions de Ministre, et j'y reste » sert de référent conceptuel et de soubassement... Cela étant, n'est-on pas en train de miner, de laminer les bases de l'Etat de droit que les Congolaises et les Congolais appellent de tous leurs vœux ?
Nous sommes sur le qui-vive et attendons, de pied ferme, la suite...
Berlin, le 12.06.2006