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L'apprentissage de l'exercice démocratique et le respect des textes semblent, inexorablement, poser problèmes en RD Congo. Nous nous sommes, la semaine dernière, posé la question, et continuons à le faire, de savoir si le Président de l'Assemblée Nationale est habilité, après son élection à la tête du pouvoir législatif, à continuer à assumer les fonctions au sein de son Parti politique d'origine.
Vous l'avez, sans doute, deviné : nous faisons, ici, allusion à la présence du Président de l'Assemblée Nationale, M. Vital Kamerhe, au sein de la délégation du Parti Populaire pour la Reconstruction et la Démocratie en mission de consultations auprès du Premier Ministre, la semaine dernière, dans la perspective de la formation du gouvernement. Pour mémoire, M. Vital Kamerhe est le Secrétaire Général du Parti politique, comme l'on dit chez nous, « cher au et initié par » le Chef de l'Etat congolais.
Un coup d'œil sur le corpus constitutionnel (Article 108, alinéa 9) de la 3e République indique que « le mandat de député (...) est incompatible " - entre autres, NDLR -, « avec tout autre mandat électif ». Le Président de l'Assemblée Nationale, M. Vital Kamerhe, étant, au départ, un Député, ne se doit-il pas, une fois élu au perchoir, de se mettre « au-dessus de la mêlée » et, dans le cas de figure, de mettre fin à ses fonctions au sein du Parti Populaire pour la Reconstruction et la Démocratie ?
Une seconde interrogation que nous avons suscitée, la semaine dernière, et continuons à le faire, a trait au nombre des membres du gouvernement en gestation. L'on parle de 60 Ministres, Vice-Premiers Ministres, Ministres d'Etat et de Vice-Ministres. Si le mot n'était pas fort, nous aurions parlé, ici, d'un gouvernement éléphantesque - surtout si l'on y ajoute les collaborateurs qui seront affectés aux différents ministères (directeurs et chefs de cabinet, kyrielle des conseillers, secrétaires particuliers ; et la liste peut se prolonger à l'envi...).
Nous serait-il utile de rappeler que faire le plein uniquement en vue de satisfaire les ambitions égoïstes des uns et/ou des autres figure parmi les choses citées en modèles de ce qu'il ne faut pas faire dans un pays qui a connu une crise générale de la société pendant plus de trois décennies, vient de sortir d'une longue guerre d'occupation et meurtrière (1998-2003), de vivre une « Transition » catastrophique et, surtout, d'organiser des élections dont les « têtes d'affiche » n'ont pas, pendant la campagne électorale, fait l'économie de la caisse de l'Etat.
D'où va sortir l'argent que va nécessiter, en plus des émoluments faramineux des Messieurs les Ministres et leurs collaborateurs, le financement des « cinq chantiers » annoncés par le Chef de l'Etat dans son discours lors de sa prestation de serment ?
Au dire de la presse congolaise, la fraction majoritaire à l'Assemblée Nationale réunirait, en plus des personnalités indépendantes, 18 partis politiques. Saurait-on satisfaire tout le monde ? L'exemple de la « République de Weimar » (1919-1933) et de « l'Italie d'après la Seconde Guerre Mondiale » sont assez éloquents. Les gouvernements issus de ces coalitions à composantes démesurées n'avaient pas fait, au regard des agendas cachés et des intérêts divergents des coalisés de circonstance, long feu, entraînant, en conséquence, une instabilité politique aux conséquences nuisibles pour une bonne et saine gestion de la chose publique.
La 3e République congolaise peut-elle, dans le contexte actuel, se permettre un gouvernement instable ? Le 1er gouvernement congolais présidé, en son temps, par Patrice-Eméry Lumumba et dont la composition disparate et hétéroclite avait porté les germes de ce qui est entré, au début des années 60 du siècle dernier, dans l'histoire du temps présent de notre pays sous le nom de la « crise congolaise » ne devrait-il pas servir ici d'exemple à ne pas suivre ?
Le politique congolais doit se faire violence et se rendre à l'évidence que l'on peut aussi servir son pays, comme cela se doit et de façon optimale, tout en restant ou en étant en dehors de l'équipe gouvernementale ou du Parlement.
Berlin, le 08.01.07