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François Misser¹ a dévoilé, dans un article² publié dans le quotidien berlinois (RFA), die TAGESZEITUNG (21.12.2007), ce que l'on nous permettrait d'appeler les dessous des contrats miniers signés, le 17.09.07, entre la République Populaire de Chine et la République Démocratique du Congo. Contrats dont les détails continuent à demeurer non connus des Congolaises et des Congolais et (dont) copie, y lit-on, a été « glissée », pour soins appropriés, à la rédaction du journal suscité.
Ainsi, nous apprenons que les investissements chinois qui seront injectés dans l'exploitation des ressources minières et dans les travaux d'infrastructures représentent le produit social brut annuel (PSB) de la RD Congo. A la suite de l'auteur de l'article sous examen, nous nous permettons de croire, au regard de cet important montage financier, que qui y est derrière, celui-là doit avoir en vue d'immenses intérêts et d'affirmer qu'il s'agit ici du plus grand marché conclu, jusqu'ici, par la Chine en Afrique. De là à dire qu'il va aussi d'une complète « mise sous tutelle » du Congo par un investisseur étranger depuis la colonisation, il n'y a qu'un petit pas que F. Misser n'a pas hésité à franchir...
A travers le quotidien berlinois, nous apprenons aussi que le « Memorandum of Unterstanding », c'est l'intitulé du contrat, a été signé, du côté congolais, par le Ministre congolais en charge des Infrastructures, Pierre Lumbi, et du côté chinois, par le Chef de « Railway Engineering Corporation (CREC), Li Changjin, au nom d'un groupe des sociétés chinoises. Aux termes de ce contrat, la Chine va, dans l'immédiat, investir 3 milliards de $ us dans le secteur minier congolais et, en retour, reconstruire l'infrastructure. Les trois sociétés chinoises chargées de la mise en œuvre de ces travaux ont déjà signé, au mois d'août 2007, des contrats particuliers, séparés avec le gouvernement congolais. Le nouveau contrat précise que le « financement des travaux d'infrastructures sera garanti dans le cadre d' un accord portant sur les concessions minières que le gouvernement congolais va céder à un Joint-venture ».
Une façon de dire, et nous citons ici notre compatriote Jean-Paul Mopo Kobanda³, que « la faisabilité de ces contrats est liée à la seule compensation minière congolaise ». Sous d'autres cieux, ça s'appelle le troc - c'est nous qui le soulignons...
Selon un annexe du contrat, quatre (4) concessions, situées dans les environs de Kolwezi, au sud de la province du Katanga, sont mises à contribution. Concessions dont les réserves constituent, au dire de F. Misser, 60 % de l'actuelle exploitation annuaire mondiale du cuivre et plus de trois ans de l'actuelle exploitation mondiale du cobalt : Cuvette Mashamba, Cuvette Dima, Synclinal Dik Colline D et Kolwezi. S'y ajoutent 372 tonnes d'or se trouvant dans des gisements « encore à découvrir » représentant une valeur marchande de 8,5 milliards $ us.
Les activités minières seront confiées à un Joint-venture regroupant trois (3) sociétés chinoises (CREC, Eximbank et Sinohydro) et une entreprise partenaire congolaise que le « gouvernement congolais doit encore désigner ». La part de la participation chinoise s'élève à 68 %.
L'article de F. Misser renseigne aussi que, dans la première phase, la totalité des profits réalisés par le JOINT-VENTURE sera, à titre de compensation pour les frais d'investissement, attribuée à la partie chinoise. Dans la seconde phase, elle percevra 66 % avec lesquels elle financera, jusqu'à concurrence de 3 milliards $ us, les gigantesques travaux d'infrastructure sur toute l'étendue du territoire national congolais : 3.123 kilomètres de chemin de fer, 3.852 kilomètres de réseaux routiers, 32 hôpitaux, 145 centres de santé, 5.000 logements sociaux et deux universités. Les 34 % restants seront répartis à égalité entre les parties chinoise et congolaise. Dans la troisième phase, les revenus seront alors totalement repartis.
La durée de chacune des étapes du contrat reste à fixer si bien que la date à partir de laquelle le Congo encaissera après tout sa part de bénéfices reste obscure. La durée totale du contrat comporte 30 ans - avec possibilité de renouvellement. Les investisseurs chinois sont exonérés « totalement » d'impôts et des frais de douane. Le gouvernement congolais « se réserve (le droit) d'accorder d'autres privilèges fiscaux et douaniers à la Joint-venture ». Cette dernière choisit « librement » ses fournisseurs et ses employés - donc il n'y a aucune imposition à la partie chinoise d'engager la main-d'œuvre congolaise ou d'associer les Congolais.
Les investissements prévus pour les travaux d'infrastructure devront s'élever à 6,565 milliards $ us. Etant donné que seulement 3 milliards proviendront des profits réalisés par la Joint-venture, il échoit au gouvernement congolais de compléter le reste. Pour ce faire, il pourrait, pour cela, avoir recours au crédit chinois, y lit-on. Au nombre d'infrastructures à financer, on relève, en plus du chemin de fer reliant Lubumbashi et Kinshasa, les réseaux routiers reliant la capitale de la province du Katanga, Lubumbashi, à la ville de Kisangani, sur le fleuve Kongo, en passant à travers toute la partie orientale du Congo (les deux provinces du Kivu et le district de l'Ituri).
Le « Memorandum of Understanding » prendra effet aussitôt que les « responsables chinois » auront donné le feu vert. Dans les 30 jours qui suivent, le Joint-venture devrait être constitué. L'ensemble du marché fait du Congo un de plus importants partenaires de la Chine en Afrique et confère à la Chine plus d'influence par rapport à la puissance économique autochtone..
L'engagement chinois prévu au Congo porte aussi ombrage à tout ce que le Congo peut attendre des pays donateurs occidentaux. Pour le Fonds Monétaire International, le nouvel endettement du Congo auprès de la Chine serait en contradiction avec le souhait congolais d'effacement de sa dette extérieure. La banque chinoise Eximbank a, dans cet ordre des choses, promis d'engager des pourparlers avec le FMI.
La situation confuse dans le secteur minier congolais pourrait compliquer la mise en action des accords avec la Chine au cas où les gisements miniers mis à la disposition de la Chine seraient identiques aux concessions déjà cédées. Selon l'article de F. Misser, Mashamba et Cuvette Dima font partie de la gigantesque concession cuprifère Kamoto (Katanga) qui appartient à la société « Katanga Mining » du puissant homme d'affaires Georges Forrest et où l'exploitation a de nouveau repris. Mais le gouvernement congolais prévoit de « revisiter » tous les contrats miniers existants. Peut-être, le contrat chinois crée, dans le cas d'espèce, un état de faits qui porte préjudice aux autres investisseurs,conclut F. Misser.
¹ F. Misser est l'auteur de plusieurs livres sur l'Afrique : Vers un nouveau Rwanda ? Entretiens avec Paul Kagame, Luc Pire/Karthala, Bruxelles/Paris, 1995 ; Les Gemmocraties, l'économie politique du diamant africain (en collaboration avec Olivier Vallée), Desclée de Brouwer, Paris, 1997 ; Mercenaires S.A. (en collaboration avec Philippe Chapeau), Desclée de Brouwer, Paris, 1998 : Géopolitique du Congo (RDC) (en collaboration avec Marie-France Cros), Editions Complexe, Bruxelles, 2006. Il a signé aussi plusieurs articles et reportages radiophoniques (BBC) sur la RD Congo.
² L'article (en langue allemande), Kongo, Chinas größtes Afrikageschäft, est repris sur www.kongo-kinshasa.de.
³ Jean-Paul Mopo Kobanda (Juriste - Chercheur): La Re-visitation des contrats miniers en RDC: les accords sino congolais confirment la duperie avant la publication des conclusions, In Leader Africa, 18.10.2007.