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L’interrogation que suscite la (« re »)désignation de M. l’Abbé Malu-Malu à la tête de la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) n’est pas celle de savoir laquelle de l’action - de ce dernier et/ou celle de celui qui l’avait remplacé à la coiffure de cette institution d’appui à la démocratie, M. le Pasteur Ngoie Mulunda -, avait été la meilleure. Faisant mienne l’expression fortement et couramment utilisée en sports, « on ne change pas une équipe qui gagne », il se pose, dans le même souffle, la question de savoir si la gestion de M. l’Abbé Malu-Malu aurait été aussi brillante, excellente et sans reproches, comme l’écrit M. l’Ambassadeur honoraire, notre Aîné Albert Kisonga, pourquoi l’avait-on alors débarqué après les élections de 2006 et 2007 ?
Un compatriote, M.Mpoko, commentant la remise en selle de M. l’Abbé Malu-Malu, a donné à son papier le titre « Malu-Malu à la Céni : le choix de l’expérience ». Voulait-il dire que ce dernier a plus d’expérience que M le Pasteur Ngoie Mulunda dans la falsification, le truquage des élections ?
Pour que la CENI, en sa qualité d’institution d’appui à la démocratie, fonctionne sans entrave, il faudrait que ceux qui sont appelés à animer son Bureau ne sortent pas des rangs des partis politiques ou de la société civile. Je pense ici à des Congolaises et aux Congolais qui ne portent pas, de façon manifeste, le manteau d’un parti politique et dont la neutralité vis-à-vis de ces deux organes ne pose pas de problèmes majeurs.
Serait-ce le cas avec M. l’Abbé Malu-Malu dont la présence ès qualités « co-chef de la délégation gouvernementale » dans le cadre des pourparlers de Kampala - abstraction faite ici de multiples fonctions exercées dans le cadre de moult « accords de paix » signés entre le gouvernement et les éléments mutins dans l’Est de la République, le disqualifie pour diriger la CENI. Dois-je remettre en mémoire qu’il s’agit, en fait, d’« accords bidons » d’autant plus qu’ils n’ont pas produit ce qu’ils devaient apporter à notre pays : une paix durable et vivement réclamée par nos Compatriotes de l’Est ?.
Je pense aussi, dans cet ordre des choses, aux Grands Commis d’Etat pensionnés (anciens Ambassadeurs et autres Fonctionnaires) qui, dans le cadre de leur ministère ou carrière passé(e), avaient fait montre d’une compétence remarquable et, de ce fait, peuvent faire fonctionner la machine de la CENI à la satisfaction de toutes et de tous.
En rapport avec la société civile congolaise, permettez-moi cette parenthèse : il y a quelques années, j’avais publié un papier à l’intitulé « existe-il une société civile en RD Congo » ? Un essai de réponse à ce questionnement, à la fois, pertinent et qui, à plus d’un titre, dérange est donné sur ce Lien http://www.kongo-kinshasa.de/francais/fr_003.php
Avons-nous oublié les critiques émises à l’endroit du « passé controversé » de M. l’Abbé Malu-Malu « à la tête de la CEI » ? Avons-nous oublié les reproches à son adresse pour avoir organisé « un processus électoral non apaisé en 2006 et 2007 » ? Certaines de ces reproches avaient fait état, en son temps, de sa gestion opaque et du népotisme (nomination au sein de la direction administrative de la CEI d’un membre proche de sa famille biologique) ? Avons-nous oublié les « violences préélectorales, électorales et post électorales » de 2006 et 2007? Avons-nous oublié l’expression « vérité des urnes » lancée par son Eminence, Frédéric Cardinal Etsou Nzabi-Bamungwabi (1930-2007), à partir de la Belgique où il avait été évacué pour les besoins sanitaires ?
Il y a quelques jours, la CENCO faisant le relais des déclarations du Vatican avait précisé qu’il « était interdit aux ecclésiastiques congolais de siéger dans les institutions politiques de la RD Congo ». M. l’Abbé Malu-Malu dont le nom avait été cité comme Président de la CENI, il y a quelques semaines –information que d’aucuns avaient qualifiée de ballon d’essai et eu égard au manque de réaction manifeste de la population congolaise vient d’être mise en pratique -, a-t-il été proposé par l’Eglise catholique congolaise pour faire partie du Bureau de la CENI ? A-t-il reçu l’aval de son Evêque de tutelle ? La sous-commission « confessions religieuses » a-t-elle, au départ, sollicité le quitus de l’Eglise catholique de la RD Congo permettant à M. l’Abbé Malu-Malu de siéger à la CENI ?
Questions sur questions dont les réponses nous seront, sûrement, données dans les tout prochains jours ou prochaines semaines par le Vatican, la CENCO et l’Evêque de Butembo qui est le supérieur hiérarchique du concerné. Il y a aussi la position de M. l’Abbé Malu-Malu par rapport à cette désignation incongrue qui est et reste déterminante pour la suite de ce qui semble être un défi...
Que l’on fasse, tout en tenant compte de nos réalités, comme on le fait, dans des pays où nous vivons, pays que je ne prends pas ici comme modèles absolus, en matière de la gestion des élections. Ce qui, à coup sûr, nous éviterait des conflits de fidélité, de rôles. Ne dit-on pas que l’on ne scie pas une branche sur laquelle l’on est assis ?
En RFA, pour ne citer que cet exemple que j’observe depuis plusieurs années, le rôle du chef de la commission électorale est confié à un fonctionnaire, en l’occurrence le chef de l’administration des statistiques fédérales pour les élections fédérales et le chef de l’administration des statistiques des Etats fédérés pour ce qui a trait aux élections au niveau des Länder.
Berlin, le 11.3.2013
Iseewanga Indongo-Imbanda