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Après plusieurs jours, voire des mois, de suspense, les jeux sont faits. Joseph Kabila, président sans et hors mandat, donc illégal et illégitime depuis le 21 décembre 2016, s´est résolu à ne pas se représenter à l'élection présidentielle du 23 décembre prochain. Ce que, par ailleurs, la Constitution de la RD Congo lui interdit, après 2 mandats consécutifs à la tête du pays.
Le nominé de la majorité présidentielle - d'aucuns parlent de « majorité arithmétique » - et alliés, rebaptisée, pour la cause, Front commun pour le Congo (FCC), est M. Emmanuel Shadari Ramazani, ancien Vice-Premier ministre en charge de l'intérieur et de la sécurité, ancien secrétaire général du parti présidentiel, PPRD, et actuel secrétaire permanent de la même formation politique après que ses statuts révisés au début de l'année eurent taillé sur mesure le poste de président qu'occupe M. Joseph Kabila. Bref, Shadari Ranazani est un dévolu pur jus et fidèle du Rais depuis quelques années.
Cependant sa désignation, à 3 heures de la clôture des dépôts de candidature, a surpris plus d'un ... d'autant plus que son nom ne faisait pas partie des candidats que chacune des composantes du « Front commun pour le Congo » devait présenter à M. Joseph Kabila - son autorité morale, donc parrain et initiateur -, pour soins appropriés.
Pour mémoire, sieur Shadari Ramazani, en plus de figurer sur la liste des personnalités sanctionnées par l'Union européenne pour grave violation des droits de l'Homme en RD Congo, porte sur ses épaules « le poids de la tragédie Kamuina Nsapu »- pour paraphraser, ici, un analyste politique congolais - tragédie mise en scène par les pompiers pyromanes de la kabilie. Ces peines établies par l'UE à l'encontre du candidat du FCC (: «arrestations d'activistes et d'opposants, usage disproportionné de la force et des mesures de répression contre les membres de l'organisation Bundu dia Kongo à Kinshasa et à l'Ouest du pays») ne militent-elles pas en sa défaveur au cas où il serait élu Président de la République et, par ricochet, au désavantage de la République? Soyons surpris de voir comment ce "canard boiteux" va tirer son épingle du jeu malgré les forces centrifuges dont il était et est seul le centre.
En attendant la validation finale des dossiers de candidature, 26 prétendants à la magistrature suprême ont déposé leurs candidatures auprès de la Commission électorale nationale indépendante (CENI). Parmi eux, l'on compte une seule femme...
La désignation, longuement attendue, du candidat du FCC à l'élection présidentielle ne résout pas les problèmes auxquels le processus électoral en cours en RD Congo a à faire face: la machine à voter dont la CENI tient mordicus à faire usage dans le cadre du scrutin de décembre prochain et le fichier électoral qui contiendrait plus de 16 millions d'enregistrés sans empreintes digitales, fichier électoral que l'organisation internationale de la Francophonie (OIF) avait vivement recommandé de nettoyer.
Un autre problème qui se pose, après la fin de suspense, est celui de savoir si le FCC a des chances de remporter les élections législatives et présidentielles du 23 décembre prochain. Question à laquelle, compte tenu de la situation généralement désastreuse qui prévaut, sévit actuellement dans le pays - paupérisation manifeste de la population, en dépit de potentielles richesses naturelles et autres que regorge le pays, insécurité sans discontinuer dans certaines contrées de la République et la liste peut se proroger à l'envi... -, personne n'ose répondre pour le moment.
Ce qui, cependant, est et reste vrai, c'est qu'au cas où les élections présidentielle, législatives et provinciales se dérouleraient de façon transparente, libre, apaisée et équitable, il sera difficile au FCC de sortir vainqueur. Le Katanga, dans sa configuration avant l'émiettement des provinces, ne va pas donner ses voix aux représentants d'un régime qui, après avoir annoncé tambour battant l'arrestation immédiate de l'ancien gouverneur du Katanga, Moise Katumbi, ancien allié et actuel opposant du désormais Chef de l'Etat sortant, eut refusé à celui qui tient le haut du pavé dans l'ancienne province du Katanga de rentrer au pays, lui privant ainsi son droit légitime de poser sa candidature et, par la suite, de battre campagne. Pour ce qui a trait à l'Ouest du pays - pour citer ceux qui, en lien avec l'électorat, divisent la RD Congo en « est » et « ouest » -, il est fort probable que le candidat d'un régime qui, des années durant, n'avait pas pris en compte les intérêts majeurs et répondu aux aspirations profondes des populations, s'y impose en termes des voix.
Au regard du fait que l'élection présidentielle se déroule en un seul tour, l'opposition est appelée vivement à se faire violence et à se mettre d'accord sur un candidat unique au niveau de la présidentielle.
Katumbi éliminé d'avance sur décision du « prince » - sans et hors mandat, allions-nous ajouter -, Jean-Pierre Bemba va-t-il réussir à dépasser le cap de la CENI dans la mesure où quelques voix au sein du FCC, se substituant à la CENI et à la cour constitutionnelle, parlent déjà de son inéligibilité à la suite de sa condamnation pour « subornation de témoins » par la CPI. On y parle aussi de sa supposée « nationalité portugaise » à propos de laquelle personne n'avait pipé mot lors de l'élection présidentielle de 2006. Que dire de ces porteurs d'autres nationalités (étrangères) concurremment à la nationalité congolaise dont une liste non exhaustive et informelle attribuée à la direction générale des services des migrations congolais a fait le buzz sur Internet et n´a été démentie que par quelques concernés.
L´adage dit si bien: « qui veut noyer son chien, l'accuse de la rage ».
A ceux-là qui prennent la Constitution pour une aimable fiction littéraire, nous remettons, au risque de nous répéter, en mémoire l'article 30, alinéa 2 du corpus constitutionnel qui stipule: "aucun Congolais ne peut être expulsé du territoire de la République, ni être contraint à l'exil ou être forcé à habiter hors de sa résidence habituelle"!
Des nuages sombres guettent à l´horizon du ciel de la RD Congo qui, depuis son indépendance, n'a jamais connu une alternance démocratique et apaisée, alternance qui au regard de la situation, encore une fois, catastrophique que traverse le pays, lui aurait permis de sortir du gouffre dans lequel il se trouve coincé par ceux-là qui l'ont gouverné et le gouvernent sans la volonté du peuple et qui ne pensent qu'à leurs intérêts personnels et égoïstes.
Peuple congolais, restez vigilant. Rien n'est encore joué quant à ce qui a trait à l'organisation et à l'issue des élections que nous souhaitons libres, transparentes, équitables et pacifiées en RD Congo...!